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Ouvert en 1886, le cimetière parisien de Bagneux dispose de 114 divisions, dont 4 militaires, dans lesquelles sont réparties 83 000 sépultures.
Construit selon un plan orthonormé, le cimetière comporte des divisions essentiellement carrées, enherbées, bordées de haies et encadrées par des trottoirs enherbés sur lesquels sont installés des arbres d'alignement qui donnent leurs noms aux avenues. Les divisions sont toutes accessibles via un réseau de voies, routières ou enherbées. Elles sont également desservies en eau grâce à un réseau de bornes fontaines réparties dans tout le site.
L'ensemble du cimetière est géré en régie par les équipes de la conservation. Elles assurent l'accueil des familles et des opérateurs de pompes funèbres, la gestion des opérations funéraires, la gestion des accès et la surveillance du site, l'entretien des intérieurs des divisions et la propreté du site, les exhumations administratives. Les équipes disposent sur site des bâtiments de bureaux, de locaux sociaux, de garages et d'ateliers. Toutes ces opérations sont complétées par des travaux menés par des entreprises privées pilotées par la Division Technique du service central des cimetières. Ces entreprises assurent l'entretien et la création des espaces verts, l'entretien des voiries, l'entretien, la maintenance et la mise aux normes des réseaux, les opérations sur les murs et portails ainsi que le suivi des opérations de bâtis.
Ouvert toute l'année de 8h00 (9h00 les dimanches et jours fériés) à 17h30, ce cimetière offre un lieu calme, vaste et propice à la promenade du public dans un tissu urbain très dense. La gestion différenciée qui y est appliquée ainsi que la fermeture quotidienne et l'absence d'éclairage nocturne en font, par ailleurs, un lieu favorable à la biodiversité, permettant sa qualification de réservoir fonctionnel au sein de la trame verte.
Structure du site
Le cimetière parisien de Bagneux, créé en 1886, s’étend sur 62 hectares entièrement dédiés à l’usage funéraire. Il est structuré en 116 divisions carrées bordées de trottoirs, de haies et d’alignements d'arbres. Le site est géré en régie, avec une organisation technique efficace et sectorisée : les agents ATEE (adjoints techniques d'entretien des espaces), fossoyeurs, équipes d’accueil et de surveillance, interviennent quotidiennement sur l’entretien, la relation aux usagers (funéraires comme promeneurs) et la coordination avec les entreprises concessionnaires. L’entretien est assuré par une équipe d’environ 60 personnes, complétée pour certains espaces (trottoirs et haies) par un marché public, tandis que les arbres d’alignement sont suivis par le Service de l’Arbre et des Bois.
Depuis 2015, le site a engagé une gestion différenciée ambitieuse et structurée, en cohérence avec ses usages multiples et ses enjeux écologiques. Le site applique différents niveaux de tonte (de 14 à 1 passage par an), adaptés à la nature des espaces : divisions militaires entretenues pour répondre à un besoin de propreté, décoration florale du rond-point d’entrée, trottoirs et espaces secondaires accueillant une flore spontanée, dont des espèces protégées comme la renoncule à petites fleurs et plusieurs espèces d’orchidées.
Le désherbage est limité aux seules zones décoratives, avec un recours exclusif aux méthodes mécaniques (brosse, binette, débroussailleuse), en cohérence avec le zéro phyto appliqué sur tout le site. Cette gestion laisse place à l’enherbement spontané, participant à la diversité floristique et à la qualité paysagère du lieu.
L’architecture du site et sa composition végétale sont pensées dans une logique d’évolution écologique. Les alignements d’arbres suivent une trame historique cohérente, et les haies monospécifiques sont progressivement remplacées par des haies diversifiées, majoritairement composées d’espèces indigènes d’Île-de-France. Leur taille raisonnée permet à la fois la fonctionnalité des circulations et le maintien d’un intérêt écologique.
Aujourd’hui, plus de 60 % de la surface du cimetière est végétalisée, avec 100 % des trottoirs et divisions enherbés, et une désimperméabilisation progressive des voies en cours. Le site est également inscrit dans la Trame Verte et Bleue comme réservoir fonctionnel de biodiversité.
Sol
La gestion des sols du cimetière de Bagneux repose sur un principe de non-intervention, visant à limiter au maximum les impacts de l’entretien sur les structures et fonctions naturelles des sols. Les zones de sol à nu sont proscrites : les sols sont systématiquement enherbés ou paillés, en particulier au pied des massifs, des haies et dans les zones de circulation. La diversité des sols présents sur le site, liée à son histoire (comblements hétérogènes après exhumations), est bien connue des équipes, et des analyses ont été réalisées récemment par l’Agence d’Écologie Urbaine, sur des zones ciblées (trottoirs, voiries vertes, zones à orchidées, décorations florales, etc.).
Malgré cette hétérogénéité, les sols restent stables, équilibrés (argilo-limoneux), et aptes au développement végétal. Certaines concentrations élevées en phosphore ont été relevées, sans lien avec un usage d’engrais, et sans impact notable. Aucune pollution préoccupante n’a été identifiée, les matériaux contaminés ayant été évacués. La désimperméabilisation progressive des voiries en voies vertes, et le développement de populations végétales spontanées contribuent également à un assainissement naturel du sol, par augmentation de la biodiversité floristique.
La gestion suit des principes sobres et respectueux des équilibres : aucun apport minéral ou organique n’est pratiqué. Le paillage est réalisé avec les déchets verts du site (broyats des tailles), tontes avec mulching et les feuilles sont réutilisées ou exportées en fonction de leur volume. Enfin, aucun travail mécanique du sol n’est réalisé.
Eau
La gestion de l’eau sur site repose sur une stratégie de sobriété maximale, avec des usages strictement limités à quelques zones ciblées. Seules deux zones bénéficient d’un arrosage ponctuel : les massifs de décoration florale, irrigués automatiquement d’avril à octobre, et les divisions militaires, arrosées en octobre en lien avec les floraisons de chrysanthèmes.
Le système est bien encadré, avec un réseau différencié et des compteurs divisionnaires pour séparer les consommations d’eau potable et d’eau d’arrosage. Des sondes pluviométriques sont installées sur les massifs pour limiter les apports en cas de précipitations. L’arrosage est programmé très tôt le matin (entre 4h et 5h), afin de limiter l’évaporation. Les consommations sont suivies via un système de télésurveillance avec alertes en cas de dépassement. Des aménagements simples mais efficaces ont été intégrés : fontaines à bouton poussoir pour limiter le gaspillage, abreuvoirs pour les oiseaux et la petite faune.
Pour favoriser l’infiltration, les rénovations de voirie sont systématiquement l’occasion de désimperméabiliser et de convertir les surfaces en voies vertes végétalisées : concassage des matériaux existants, ajout d’un mélange terre-pierre, semis de prairie. À ce jour, cinq tronçons ont été transformés, avec accès restreint aux véhicules et entretien écologique (fauche 6 fois par an).
Le paillage généralisé et une couverture végétale spontanée bien adaptée aux conditions locales permettent de limiter les besoins en eau. Le gestionnaire accepte le jaunissement estival, ce qui traduit une bonne compréhension des enjeux de sobriété hydrique.
Faune / Flore
Le cimetière de Bagneux accueille une biodiversité remarquable, soutenue par une gestion différenciée et une grande diversité d’habitats. De nombreuses actions concrètes ont été mises en place : installation de nichoirs à mésanges et à chouette hulotte, abreuvoirs pour les oiseaux, abris à hérisson, ainsi que des zones en gestion libre pour favoriser la biodiversité. Les inventaires naturalistes sont très complets, menés à la fois par l’Agence d’Écologie Urbaine (AEU), un bénévole régulier ainsi que dans le cadre du programme "Cimetières vivants" de l’ARB Île-de-France. Ils couvrent la flore, les orchidées (cartographiées et protégées), l’avifaune, les insectes, les micromammifères et les chauves-souris.
La palette végétale est diversifiée et à fort intérêt écologique, avec plus de 60 % d'espèces régionales dans les haies, une orientation vers des essences favorables à la faune (floraison, fructification), des haies plurispécifiques remplaçant les haies monospécifiques (notamment en réponse à la pyrale du buis), et des prairies en gestion extensive.
Les espèces exotiques envahissantes et nuisibles sont gérées de manière mesurée : traitement ciblé des buis centenaires au Bacillus, pose de pièges contre la chenille processionnaire, suivi de la pyrale du buis. Le site a fait le choix de ne pas utiliser d’insecticides, y compris pour le moustique tigre, préférant la communication et la prévention auprès des usagers. Un équilibre écologique local est également observé, comme en témoigne la cohabitation entre perruches à collier, écureuils et faucons pèlerins.
Enfin, un travail rigoureux sur la gestion des déchets verts est en place : un bilan est assuré par SEPUR, avec une tendance à la réduction des volumes depuis 2021. Les déchets sont réutilisés sur place au maximum (paillage, mulching), et lorsqu’ils sont exportés, ils sont valorisés via une plateforme de compostage. Le marché impose en outre le recyclage des décorations florales, ce qui complète cette logique circulaire.
Matériaux & mobiliers / Matériels & engins
Le site ne comporte aucun éclairage, ce qui garantit le respect intégral de la trame noire et limite les perturbations pour la faune nocturne. L’ensemble du mobilier et des équipements est inventorié et cartographié, y compris les fontaines, ce qui permet une gestion technique précise et réactive.
Les interventions sur le mobilier sont assurées par le Service Patrimoine et Logistique (SPL) de la Ville de Paris. Les ATEE peuvent également intervenir ponctuellement, notamment pour les opérations d’entretien courant comme la peinture. Une politique globale d’achats responsables encadre les choix en matière de mobiliers, matériaux, engins et produits d’entretien, afin de garantir leur faible impact environnemental.
Le site s’inscrit dans une transition progressive vers le matériel électrique, avec une mise en réforme des engins en fin de vie et un suivi des consommations de carburant. Cette évolution, cohérente avec les objectifs municipaux, contribue à réduire l’empreinte carbone des activités de gestion.
Formations
Les agents techniques du site bénéficient d’un accès structuré à la formation, via le catalogue de la Ville de Paris, qui intègre également des modules spécifiques aux cimetières. Des formations ciblées sont mises en place selon les besoins opérationnels : par exemple, la formation ESPN pour la prise en main du matériel permet aux ATEE (adjoints techniques d'entretien d'espaces) de mieux utiliser et entretenir les équipements de jardinage.
Une formation de sensibilisation à la gestion écologique en milieu funéraire a été organisée récemment et sera reconduite, renforçant la montée en compétence progressive des équipes sur les enjeux environnementaux spécifiques aux cimetières. Dès leur recrutement, les agents sont informés des principes de gestion écologique du site, et suivent une formation de deux jours sur le droit funéraire, essentielle pour intervenir en milieu sensible.
Public
Le site met en œuvre une relation active avec les usagers, via plusieurs canaux : un cahier de doléances est disponible à l’entrée, et un dispositif QualiParis assure le traitement structuré des réclamations. Chaque plainte fait l’objet d’une réponse, permettant d’expliquer les pratiques ou décisions prises.
Les agents sont sectorisés et assurent un lien régulier avec le public, notamment lors de temps forts comme la Toussaint ou le Printemps des cimetières. À ces occasions, des supports pédagogiques et visuels sont présentés : panneaux sur la biodiversité, photos prises par les agents, affichages et relais sur les réseaux sociaux. Des flyers sur la gestion Zéro Phyto complètent cette communication, renforçant la sensibilisation des visiteurs.
Des actions participatives impliquent aussi les citoyens : un bénévole contribue activement aux inventaires naturalistes, des partenariats sont noués avec des structures comme la LPO ou l’ARB (étude Cimetières vivants), et des projets avec les écoles de Montrouge (ex. clean walks) renforcent la dimension éducative et collective du site.
Localisation
45 avenue Marx Dormoy
92220 Bagneux
France