• Le CFPPA de Kerliver-HANVEC : un site aux enjeux essentiels Depuis les années 90, le CFPPA de Kerliver a été animé par la volonté de prendre en compte son environnement dans une perspective de durabilité. Ce site est très riche tant au niveau du bâti, des paysages, des espaces à caractère naturel et aménagés, des boisements,…. De nombreuses actions ont été mises en oeuvre afin de sauvegarder ce patrimoine. Derrière cette volonté, on trouve des enjeux essentiels, liés à la préservation des ressources naturelles, de la biodiversité, des paysages. Des enjeux, pour le centre, mais également pour l’ensemble des utilisateurs du site et des acteurs du territoire. Des enjeux qui ont également permis de fédérer l’ensemble de l’équipe autour de ces points forts. A Kerliver, le cheminement de l’équipe pédagogique vers la gestion écologique des ses espaces s’est traduit par les actions suivantes : • dans les années 1990, arrêt de l’utilisation de produits phytopharmaceutiques et expérimentation de méthodes alternatives, • en 2004, mise en place d’un premier plan de gestion différenciée qui a servi de référence pour la gestion des espaces. Ce plan de gestion est régulièrement revu lors de travaux de groupes dans les sessions de formation. • L’ensemble du domaine est reconnu par la ligue de protection des oiseaux, comme refuge LPO, ce qui a permis au CFPPA de figurer au palmarès des trophées de l’environnement organisés par le Conseil Régional en 2007. • En 2010, le centre s’est engagé dans une démarche d’évaluation et de reconnaissance du niveau de gestion écologique du site qui a donné lieu à un pré-audit en 2011 (cf. Rapport de pré-audit d’Ecocert pour le label E.V.E. espaces verts écologiques). • En 2014, un périmètre de captage d’eau est institué sur une partie du domaine. Loin d’être perçu comme une contrainte, c’est un outil, pédagogiquement intéressant et incontournable dans toutes nos démarches de projets. • En 2015, après un échange avec les techniciens et les personnels chargés de l’aménagement de l’Office National des Forêts, les boisements du centre sont soumis au régime forestier. • En 2016, le domaine de 42 ha géré par le CFPPA d’Hanvec obtient l’écolabel « Plante et cité ». C’est l’ensemble du domaine qui grâce aux travaux réalisés, pendant de nombreuses années, bénéficie de ce label. Les boisements y compris. Ceci apparait évident, étant donné les pratiques mises en place sur ces milieux. Outre une production de bois d’oeuvre valorisée sur le centre, les objectifs de conservation des habitats forestiers ont toujours prévalu. • En 2017, élaboration et validation du plan d’aménagement forestier du domaine par l’Office National des Forêts, qui conforte les orientations prises au préalable par l’équipe. Ce plan d’aménagement préconise une valorisation des bois, tout en insistant sur la valeur de certains écosystèmes et les enjeux écologiques qui s’y rattachent (biodiversité, qualité des eaux, habitats d’intérêt communautaire). Une conduite vers des peuplements irréguliers, constitués d’essences locales, est préconisée. La même année, le centre est reconnu « refuge grenouille », par l’association eaux et rivières de Bretagne. C’est donc une gestion davantage en adéquation avec les enjeux écologiques actuels. Pour nos stagiaires, le site de Kerliver constitue un lieu d’étude, d’expérimentation et d’apprentissage technique. Ils peuvent par exemple faire le suivi de l’évolution des peuplements forestiers, faire des suivis des populations animales et de la flore sauvage, gérer les espaces aménagés en « écojardinage », réfléchir aux consommations d’énergie dans le cadre de l’entretien des espaces, proposer des travaux sylvicoles, validés par le technicien de l’ONF …

    Structure du site

    Un Plan de gestion détaillé a été réalisé en partenariat avec les étudiants. Il définit les objectifs écologiques, paysagers, pédagogiques et économiques de la gestion et une méthodologie pour leur mise en oeuvre (1. Recensement des unités paysagères, 2. Définition des unités de gestion, 3. Analyse des sites, 4. Evaluations et ajustements).

    Le site est labellisé « Refuge LPO » et va bientôt s’engager dans une démarche environnementale « Qualycée » initiée par le Conseil Régional (gestion des consommables, produits éco-labellisés, gestion des déchets…).

    La conservation de boisements naturels permet de créer des continuités écologiques avec les boisements aux alentours.

    Un document de présentation du domaine de Kerliver a été établi. Celui-ci présente également le contexte environnemental du domaine, avec notamment un détail du contexte géologique, hydrographique, paysager et climatique dans lequel s’implante le site. Il reprend également des aspects historiques et rappelle la réglementation locale applicable au domaine (PLU).

    L’usage de gros engins dans les espaces sensibles, notamment les boisements, est évité au maximum afin de préserver la qualité écologique des milieux.

    Un diagnostic sur les corridors écologiques du domaine (trame verte et trame bleue) est en cours de réalisation dans le cadre d’un projet pédagogique (diagnostic, cartographie, connexion avec les milieux environnants, améliorations…).

    Sol

    Hormis les zones de plantations horticoles qui sont généralement paillés, aucun autre apport n’est fait. Des profils pédologiques sont réalisés régulièrement, principalement à des fins pédagogiques auprès des étudiants.

    Les engins sont proscrits sur les zones de boisements naturels, le débardage se fait avec des chevaux.

    Un suivi de la biodiversité des sols par comptage de vers de terre (protocole moutarde) a été mis en place depuis 2019. Celui-ci est réalisé par les élèves en BTS Aménagement paysager.

    Des analyses de sol ont été réalisées sur plusieurs zones du site (boisements, zones d'aménagements paysagers, zones de production maraîchère).

    Un désherbage thermique est réalisé sur les surfaces minérales du site. La consommation en gaz a largement diminué ces dernières années (environ 4 fois moins) notamment grâce à une plus grande tolérance à la flore spontanée.

    Eau

    L’arrosage se limite aux zones de production maraîchères, lors des plantations et en cas de sècheresse sur les massifs aux abords du manoir.

    Le site possède des cours d’eau et des bassins qui représentent des zones d’intérêt pour la biodiversité.

    Les zones de production maraîchère étant actuellement à l’arrêt, l’arrosage est inexistant sur le site.

    Une noue a été aménagée le long des terrains de sport en 2018. Par ailleurs, un jardin de pluie visant notamment à infiltrer les eaux d’écoulement a été aménagé cette année.

    Sur le site, les eaux usées sont dirigées vers un bassin de phytoépuration et sont directement traitées sur site (pas de raccord à une STEP).

    Faune / Flore

    La préservation de la biodiversité est inscrite dans les objectifs du plan de gestion. La plupart des espèces présentes sur le site sont indigènes. Dans les boisements, le renouvellement naturel est privilégié et la présence de bois morts permet de créer des micros-habitats pour de nombreux insectes saproxyliques.

    Des hôtels à insectes ont été installés à divers endroits du site, dont à proximité du verger pour favoriser la pollinisation par des pollinisateurs sauvages.

    Un cahier des charges établissant la politique globale pour des achats durables de végétaux a été établi. Il prend notamment en compte le caractère indigène et non envahissant des plantations, privilégie l’autoproduction et l’approvisionnement auprès de pépinières locales. Par ailleurs, ce cahier des charges détaille également la gestion des déchets verts à adopter en vue de limiter les exportations et de valoriser in situ les déchets produits.

    Dans la mesure du possible, les élèves sont impliqués dans les démarches de suivi de la faune et de la flore. Les équipes enseignantes profitent des compétences naturalistes des apprenants pour renforcer la qualité des suivis.

    Le gestionnaire peut également profiter de l’expertise des bénévoles de l’association Bretagne Vivante qui s’implique dans les suivis de la biodiversité du site.

    Un suivi d’une blaireautière, selon un protocole établi par le Groupe Mammalogique breton, a été initié depuis 2013. Un travail de prospection est de plus en cours pour vérifier la présence sur le site du Muscardin (Muscardinus avellanarius).

    Un suivi des amphibiens a été mis en place par piégeage à la nasse Ortmann. Plusieurs espèces ont été recensées sur le site (salamandre, triton palmé, grenouilles brunes, crapaud commun et alyte accoucheur). 

    Une partie des boisements situé dans le domaine a été désignée comme « ilôt de vieillissement ». Cette action, dont les objectifs et les moyens engagés sont présentés dans un document explicatif du projet, vise à reconstituer des milieux forestiers sénescents, milieux particulièrement favorables à l’accueil d’une biodiversité riche et à la conservation d’espèces dépendantes de ces milieux tels que les insectes saproxylophages. Pour réaliser ce projet, le sapin pectiné (Abies alba) a été éradiqué de la zone.

    Un état des lieux des boisements du domaine a été établi par l’ONF en 2017 en vue de réadapter la gestion sylvicole à l’état des boisements. Leur analyse a démontré la diversité fonctionnelle des boisements. Certaines parcelles sont plutôt destinées à la production. Pour réaliser cette production de manière durable, une gestion en peuplements irréguliers est projetée : l’objectif est de gérer ces espaces en régénération naturelle en favorisant le développement d’espèces locales sans réaliser de nouvelles plantations. Les études (étude du sol, inventaire, diagnostic sylvicole, propositions et perspectives…) ont été réalisées par les apprenants.

    Globalement, les interventions dans les milieux boisées sont limitées afin de laisser ces espaces regagner une physionomie naturelle.

    Des suivis de la flore ont été mis en place depuis 2017. Des suivis ornithologiques ont également été mis en place depuis 2019 selon le protocole STOC EPS.

    Des partenariats sont engagés entre le CFA et des associations de sauvegarde de la biodiversité :  avec l’association Eaux et Rivières de Bretagne notamment pour la mise en place d’un refuge à amphibiens ou encore avec le Groupe Mammalogique Breton pour la construction de prototypes de gîtes à chiroptères et le suivi de ce taxon sur le domaine.

    Un nichoir à chouette chevêche et des hôtels à insecte ont été construit et mis en place sur le domaine.

    Les données d’inventaire sont transmises par le gestionnaire aux bases de données naturalistes régionales afin d’améliorer les connaissances sur l’état de la biodiversité au niveau local.

    Une cartographie des fourmilières de fourmis rousses des bois (Formica fufa) présentes sur le site a été établie.

    Le domaine a passé une convention avec « Eaux et Rivières de Bretagne » en 2017 pour devenir refuge grenouilles.

    Une étude sur les plantes invasives sur le domaine de Kerliver : inventaire, cartographie, gestion… est en cours. Ce travail est réalisé par les élèves du centre. Le domaine est globalement peu impacté par la problématique des espèces exotiques envahissantes. On y recense toutefois quelques espèces réputées invasives (laurier sauce, petite station de Renouée du Japon en cours de régréssion, etc.).

    Dans les boisements, le débardage est parfois réalisé par traction animal à l’aide d’un âne.

    Une haie bocagère a été plantée en 2019 dans le cadre d’un projet pédagogique en culture maraîchère biologique (module sur la gestion du bocage maraîcher).

    Une plateforme de compostage a été mis en place depuis cette année.

    Des curages sont prévus prochainement sur le lavoir et la station de phyto-épuration. Pour leur réalisation, les élèves ont été impliqués dans l’élaboration de la méthodologie d’entretien.

    Des calendriers prévisionnels d’intervention sont réalisés par les élèves et par milieu. Ces calendriers prennent en compte les opérations courantes et ponctuelles d’entretien mais également la réalisation de relevés faune-flore, etc.

    Matériaux & mobiliers / Matériels & engins

    Dans la mesure du possible, le mobilier est construit à partir du bois récupéré sur le site. Un suivi des consommations va être mis en place pour évaluer les consommations pour chaque type d’espace.

    Un cahier des charges établissant la politique globale pour des achats durables de matériaux et matériels a été établi.

    Les consommations en carburant ont diminué suite à un usage plus raisonné de l’outillage et des engins thermiques. Cette baisse peut également être imputée à un recours plus important à l’écopâturage pour la gestion des espaces prairiaux.

    Un inventaire du patrimoine mobilier a été établi lors de l’élaboration du cahier des charges.

    Bien que le site ne soit pas équipé en matériel électrique, une rationalisation de l’usage des engins et des véhicules a été réalisée : le recours au pâturage est autant que possible privilégié à la tonte et à la fauche, le débardage est préférentiellement réalisé par traction animale, etc.

    La mini-pelle du centre ayant dû être réformée, il a été fait le choix de préférer les locations pour l’usage de ce genre d’engin, peu utilisé au quotidien, à un nouvel achat. 

    Formations

    L’équipe d’enseignement est très moteur pour la mise en place de modules relatifs à la gestion écologique. A travers les interventions d’experts naturalistes, d’agronomes et de partenariats avec un Eco-musée (techniques de conduite de vergers), de spécialiste du débardage par traction animale, d’associations naturalistes, les formateurs bénéficient d’une formation continuelle.

    Ils suivent également des formations liées à la pédagogie, aux premiers secours (avec intervention des pompiers) et aux postures à privilégier (avec un professeur d’EPS).

    Ils peuvent tous les ans soumettre également des choix de formation sur des thématiques spécifiques (écologie du paysage par exemple).

    Les équipes enseignantes du centre et les élèves ont participé, depuis le précédent audit, à un certain nombre de formations ayant trait à la gestion durable des espaces verts (sous forme d’interventions, de journées techniques, de MOOC, etc.).

    Public

    Le site accueille des évènements ouverts au grand public comme « Jardiner c’est naturel ».

    Près de 850 participants étaient présents cette année.

    Un panneau informatif a été mis en place au niveau du verger.

    Le Centre possède aussi une page Facebook.

    Plusieurs affiches de communication visant à présenter la démarche de gestion différenciée et écologique adoptée par le centre de formation et à en présenter les bienfaits environnementaux ont été réalisées en association par les élèves.

    Une réduction à la source des déchets produits a été initiée. Cette action est notamment passée par la suppression des gobelets jetables dans la machine à café.

    Le site reçoit parfois des visites du public extérieur. Le gestionnaire présente alors le site et les démarches de gestion durable mises en place.

    Par ailleurs, les équipes pédagogiques participent également à des évènements externes sur les thématiques de la gestion différenciée. Une journée d’ouverture au public est organisée chaque année (Journée « Jardiner au naturel ») sur le domaine. Des intervenants extérieurs sont parfois conviés pour intervenir sur des points précis.

    Les élèves sont impliqués dans les aménagements paysagers du domaine. Le site reçoit également l'implication d'associations naturalistes dans la réalisation des relevés faune-flore.

    Localisation

    CFA-CFPPA de Kerliver
    Kerliver
    29460 HANVEC
    France

    Galerie photos